Si la vie était une vue à travers des fenêtres aux regards brisés, percés vers l’infini, on y verrait un reflet presque parfait : un portrait à la fois mystérieux et intime, nourrissant notre imagination d’une perception pure, façonnée par l’innocence de l’âme.
C’est là, derrière la fenêtre, que tout se joue. On y affronte une culpabilité mêlée de remords et de regrets, qui inhibent notre force et enferment nos pensées dans une mélancolie faite d’échecs et de réussites.
À un certain âge, les sages s’installent près d’une baie vitrée, parfois vide. Le repos devient essentiel, embelli par quelques pots de fleurs. Cette beauté invite à remonter le temps ou à recevoir des messages silencieux : qu’ai-je fait ? Que dois-je faire ? Et que ferai-je demain ?
La vue depuis la fenêtre chante à deux cadences : les larmes qui purifient l’âme du passé, les souvenirs douloureux qui ressurgissent, et les rires qui colorent le présent. Ils portent en eux le poids du passé, la joie du présent et l’espoir du lendemain. Parfois, main sur le cœur, on formule un vœu, mêlé de joie et de frustration — car hier n’existe plus, et demain tarde à venir.
Les images défilent comme un film derrière la vitre. On vit une retraite anticipée, car le monde impose son rythme. Le repos devient précoce, la vie précaire. Dans certains coins, les cris de guerre résonnent plus fort ; ailleurs, la paix s’est tue face à l’inhumanité. Les mains propres sont souillées, les mains sales innocentées. Même là où l’on espérait la paix, la peur s’est installée. Même chez soi, la vie s’est fanée, jusqu’à ce que la fenêtre ne reflète plus que le désespoir au lever du jour.
Chaque soir, on cherche refuge dans le silence, un lieu où l’on apprend à écouter son propre souffle. La lecture apaise, la musique caresse un esprit déjà fissuré.
Plus loin encore, on apprend à sa bouche à choisir ses mots, à les libérer au bon moment. L’écriture devient alors le cri le plus fidèle de l’âme.
Ou bien, on garde le silence, et on écoute le vent des mots. Chaque fenêtre garde son histoire, chaque murmure intérieur est une mémoire adressée à soi-même.
Chaque vue à travers une fenêtre est un voyage simple, un lieu où l’on peut faire un vœu. La vie ne calcule pas le temps, elle nous offre parfois du vide. Pourtant, nous avons la chance d’agir maintenant, sans reporter à demain ce qui peut être fait aujourd’hui.
Oui, c’est possible. Mais cela demande une décision ferme : refuser l’immobilisme, agir en attendant le meilleur. C’est loin d’être vain.
Aujourd’hui, le repos ne se définit plus comme avant. Certains le prennent après un long labeur, rassurés par les fruits de leur travail — sauf si la mort s’invite. Mais l’amour de Dieu reste notre réconfort, et notre confiance demeure en lui.
D’autres s’épuisent trop tôt, abandonnent face aux déceptions, manquent d’amour pour ce qu’ils font, fondent en larmes. Les jours deviennent amers. Ils meurent en silence, sans mots ni témoins, leur vision de la vie déformée. Ils pensent n’avoir aucune porte à frapper. Mais toi, souviens-toi : les seules limites sont celles que nous nous imposons.
Même dans la paresse du quotidien, avoir un plan nous connecte. Car même au repos, notre esprit cogite. Chaque perception devient nourriture, chaque silence, source de grandes pensées.
Que notre passé d’échecs ne dirige plus nos actions. À chaque évidence, gardons le rythme. Que chaque vue à travers une fenêtre fasse renaître un cœur nouveau, prêt pour de nouvelles conquêtes. Et si c’est le soir de notre vie, que les succès du passé deviennent les tempos amplifiés qui guident les battements de nos cœurs. Poignet levé, disons Amen. Le ciel sait, voit et agit. Restons confiants.
Papa Ours écrit ce slam au vu de la fenêtre, entre une vie nouvelle et un repos après les guerres conquises. Qui sait ? Le vrai repos, c’est dans la tombe, après les bonnes œuvres.
Car au final, c’est Dieu qui gagne toujours.
A suivre, …