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La guerre freine les initiatives des jeunes en détruisant leurs opportunités économiques, limitant leur accès à l’éducation et à l’emploi, et créant un climat d’incertitude qui affecte leur bien-être mental et social. Beaucoup voient leurs projets anéantis, leurs entreprises pillées, et leurs rêves suspendus face à une instabilité constante. Pourtant, malgré ces obstacles, la jeunesse fait preuve d’une résilience extraordinaire : elle s’adapte, innove et trouve des moyens de bâtir malgré l’adversité. C'est la jeunesse congolaise, ce sont les jeunes de Rutshuru, de Bunagana, de Masisi, de Goma, de Bukavu, de l'Ituri, etc. La guerre entrave, mais elle ne réduit pas à néant la détermination de ceux qui continuent à rêver et à agir pour un avenir meilleur. Il est vrai que ça demande dix, trente, cent fois plus d'efforts mais la détermination finit bien par nous offrir quelque chose. J'ai connu des jeunes qui se sont effondrés (je ne les juge pas pour n'avoir pas vécu ce qu'ils ont vécu) et j'ai vu des jeunes effondrés qui se sont relevés (je ne compare personne à personne), mais pour moi, ça reste une grande inspiration.
J’ai récemment rencontré un jeune Congolais talentueux et aujourd’hui, j’aimerais parler de lui. Il y a quelques jours, mon mari et moi discutions de la situation en RDC, en particulier à l’Est. Pendant notre échange, un débat s’est ouvert sur un groupe WhatsApp : quelqu’un vivant à l’étranger depuis plusieurs années affirmait que les jeunes Congolais étaient paresseux et incapables d’accomplir quoi que ce soit.
Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de propos. Ce n'est pas la première fois que j'entends des insultes sur la jeunesse congolaise. Pourtant, étant moi-même une jeune congolaise, je vois chaque jour combien cette jeunesse lutte et tente d’avancer, malgré les nombreux obstacles, dont le plus grand : la guerre. Quels rêves peut-on bâtir dans l’instabilité ? Comment espérer quand, du jour au lendemain, tout peut basculer ? Quelle ambition peut-elle naître du chaos ?
J’ai vu des jeunes perdre des années de travail, des boutiques pillées, des entreprises fermées, des opportunités réduites à néant dans moins d'une semaine. Pourtant, ces jeunes sont encore là, ils continuent à rêver, à avancer, à croire en un avenir meilleur. Peut-être que ça leur prendra plus de temps de réaliser, peut-être que certains mourront sans avoir eu l'occasion de parler de leurs rêves, peut-être même certains partiront sans avoir eu le temps de penser à leurs rêves, … Tout ceci est possible dans un contexte où lutter pour la survie prend plus d'énergie que de vivre ! …
Ces jeunes, ravagés par la guerre, prisonniers de la peur et du doute du lendemain essaient ; l’un d’eux, c’est Voyance Batinda. Passionné de mode depuis l’enfance, il s’est frayé un chemin et continue de briller, contre vents et marées. Tout jeune, il jouait les mannequins pour mettre en valeur les créations des stylistes. Mais ce n’était que le début. Il savait déjà qu’il voulait être mannequin, tout en aimant la danse et le défilé. Pour lui, ce n’est pas qu’une passion : c’est une ambition. Lui et l'art, c'était l'harmonie. 
En 2018, il crée “Walk Models Management (WMM)", une agence de mannequinat qui réunit des jeunes passionnés et leur ouvre des opportunités de s'améliorer, de connecter avec d'autres jeunes dans le secteur et de faire connaître leur talent. Grâce à WMM, plusieurs mannequins de Goma ont défilé sur des scènes nationales et internationales. Mais Voyance ne s’arrête pas là. Il poursuit ses études tout en développant ses projets. Il devient “chargé de communication des étudiants” à l'Institut Supérieur d'Information et de Gestion - ISIG Goma où il poursuit ses études. Dans son rôle, Voyance réussit à organiser deux événements importants : “Miss ISIG” suivi de “Miss Terre ISIG” plutard. Ces deux shows lui permettent de grandir et d’affiner sa vision ; de se challenger et d'apprendre davantage.
En 2022, il fait un grand pas en lançant “Kivu Fashion Week”, une plateforme où les artistes exprimer leur talent. L’événement réunit mannequins et créateurs. Pour Voyance, il ne s'agit pas seulement d'un simple rendez-vous de mode, c'est un espace de communion entre diverses personnes, diverses cultures, diverses ethnies pour la cohésion pacifique.
Les défis ? Il y en a de nombreux. Comme pour tout jeune Congolais qui essaie de créer, à côté de la lourdeur administrative et des taxes exorbitantes, il y a aussi un contexte difficile qui ne favorise pas l’épanouissement, l’investissement extérieur ou la connexion avec les autres artistes.
Malgré cela, Voyance rêve que Kivu Fashion Week devienne un événement de grande ampleur, tant sur le continent africain qu’à l’international. Comme il aime le dire, dans cinq à dix ans, Kivu Fashion Week sera le leader de la mode africaine.
Dans cette perspective, la 4ᵉ édition se tiendra à Kampala, en Ouganda, sous le thème : « La mode, un symbole d’espoir et de résilience. »
Le contexte est difficile, mais Voyance travaille dur pour que cet événement soit une réussite. Voyance n’est pas créateur de mode, il est le promoteur des créateurs et de la mode elle-même. Il est la voix qui permet aux jeunes couturiers, modélistes et mannequins d’exprimer leur talent et de mettre en lumière leur art.
Voyance est un modèle. Son parcours prouve que si l’on tient à quelque chose, on trouve toujours un moyen de le réaliser. La détermination et la foi paient. Rendez-vous à Kampala pour la 4ᵉ édition de Kivu Fashion Week ! C'est pour décembre 2025, du 1er au 7.
Photo crédit : HKWOOD
